Page:Dumas - La salle d'armes 1 Pauline, Dumont, 1838.djvu/258

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mystérieuse destinée vous enveloppe depuis quelque temps, si des pressentimens sinistres vous ont, vingt fois, fait passer, au milieu d’un bal, un frisson mortel dans le cœur, tout alors devient, sinon réalité, du moins spectre et fantôme ; et personne n’ignore par expérience que le danger inconnu est mille fois plus saisissant et plus terrible que le péril visible et matérialisé.

C’est alors que je regrettai bien vivement ce congé imprudent que j’avais donné à ma femme de chambre. La terreur est une chose si peu raisonnée qu’elle s’excite ou se calme sans motifs plausibles. L’être le plus faible, un chien qui nous caresse, un enfant qui nous sourit, quoique ni l’un ni l’autre ne puissent nous défendre, sont, en ce cas, des appuis pour le cœur, sinon des armes pour le bras. Si j’avais eu près de moi cette fille, qui ne m’avait pas quittée depuis cinq ans, dont je connaissais le dévouement et l’amitié, sans doute que toute crainte eût disparu, tandis que seule comme j’étais,