Page:Dumas - La salle d'armes 1 Pauline, Dumont, 1838.djvu/259

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il me semblait que j’étais dévouée à l’avance et que rien ne pouvait me sauver.

Je restai ainsi deux heures immobile, la sueur de l’effroi sur le front. J’écoutai sonner à ma pendule dix heures, puis onze heures ; et à ce bruit si naturel cependant, je me cramponnais chaque fois aux bras de mon fauteuil. Entre onze heures et onze heures et demie, il me sembla entendre la détonation lointaine d’un coup de pistolet ; je me soulevai à demi, appuyée sur le chambranle de la cheminée ; puis, tout étant rentré dans le silence, je retombai assise et la tête renversée sur le dossier de ma bergère. Je restai encore ainsi quelque temps les yeux fixes et n’osant les détourner du point que je regardais, de peur qu’ils ne rencontrassent, en se retournant, quelque cause de crainte réelle. Tout-à-coup il me sembla, au milieu de ce silence absolu, que la grille, qui était en face du perron et qui séparait le jardin du parc, grinçait sur ses gonds. L’idée qu’Horace rentrait chassa à l’instant toute ma terreur ; je m’élançai à la fenêtre, oubliant que mes volets étaient