Page:Dumas - La salle d'armes 1 Pauline, Dumont, 1838.djvu/264

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préservée de l’évanouissement que par la terreur même ; en ce moment ce petit bruit qui précède le tintement de la pendule se fit entendre et minuit sonna.

Cependant je ne pouvais passer la nuit entière dans ce fauteuil ; je sentais le froid me gagner lentement. Je pris la résolution de me coucher tout habillée, je gagnai le lit sans regarder autour de moi, je me glissai sous la couverture, et je tirai le drap par-dessus ma tête. Je restai une heure à peu près ainsi sans songer même à la possibilité du sommeil. Je me rappellerai cette heure toute ma vie : une araignée faisait sa toile dans la boiserie de l’alcôve, et j’écoutais le travail incessant de l’ouvrière nocturne : tout-à-coup il cessa, interrompu par un autre bruit ; il me sembla entendre le petit cri qu’avait faite, lorsque j’avais poussé le bouton de cuivre, la porte de la bibliothèque ; je sortis vivement ma tête de la couverture, et, le cou raidi, retenant mon haleine, la main sur mon cœur pour l’empêcher de battre, j’aspirai le silence, doutant encore ; bientôt je ne doutai plus.