Page:Dumas - La salle d'armes 1 Pauline, Dumont, 1838.djvu/297

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meil douloureux, loin de me rendre quelque repos, me brisa. Je me réveillai avec une faim et une soif dévorantes : alors je pensai une seconde fois au poison qui était là près de moi, et qui pouvait me donner une fin douce et rapide. Malgré ma faiblesse, malgré mes hallucinations, malgré cette fièvre sourde qui frémissait dans mes artères, je sentais que la mort était encore loin, qu’il me faudrait l’attendre bien des heures, et que de ces heures les plus cruelles n’étaient point passées : alors je pris la résolution de revoir une fois encore ce rayon de jour qui, la veille, était venu me visiter, comme un consolateur qui se glisse dans le cachot du prisonnier. Je restai les yeux fixés vers l’endroit où il devait paraître : cette attente et cette préoccupation calmèrent un peu les souffrances atroces que j’éprouvais.

Le rayon désiré parut enfin. Je le vis descendre pâle et blafard : ce jour-là le soleil était voilé sans doute. Alors tout ce qu’il éclairait sur la terre se représentait à moi : ces arbres, ces prairies, cette eau si belle ; Paris,