Page:Dumas - La salle d'armes 1 Pauline, Dumont, 1838.djvu/296

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Ma faim s’était changée en une douleur aiguë à l’estomac. La bouche me brûlait ; j’éprouvais le désir de mordre ; je mis une tresse de mes cheveux entre mes dents, et je la broyai. Bientôt je me sentis prise d’une fièvre sourde, quoique mon pouls battit à peine. Je commençai à penser au poison : alors je me mis à genoux et je joignis les mains pour prier ; mais j’avais oublié mes prières : impossible de me rappeler autre chose que quelques phrases entrecoupées et sans suite. Les idées les plus opposées se heurtaient à la fois dans mon cerveau, un motif de musique de la Gazza bourdonnait incessamment à mes oreilles ; je sentais moi-même que j’étais en proie à un commencement de délire. Je me laissai tomber tout de mon long, et la face contre terre.

Un engourdissement, produit par les émotions et la fatigue que j’avais éprouvées, s’empara de moi : je m’assoupis, sans que le sentiment de ma position cessât de veiller en moi. Alors commença une série de rêves plus incohérens les uns que les autres. Ce som-