Page:Dumas - La salle d'armes 1 Pauline, Dumont, 1838.djvu/299

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aucun sentiment de haine ni sans aucun désir de vengeance : Dieu devait donc m’accueillir comme sa fille, la terre ne pouvait me manquer que pour le ciel ; c’était la seule idée consolante qui me restât ; je m’y attachai.

Bientôt il me sembla que cette idée se répandait non seulement en moi, mais autour de moi ; je commençai d’éprouver cet enthousiasme saint qui fait le courage des martyrs. Je me levai tout debout et la tête vers le ciel, et il me sembla que mes yeux perçaient la voûte, perçaient la terre et arrivaient jusqu’au trône de Dieu. En ce moment mes douleurs mêmes étaient comprimées par l’exaltation religieuse ; je marchai vers la pierre où était posé le poison, comme si je voyais au milieu des ténèbres ; je pris le verre, j’écoutai si je n’entendais aucun bruit, je regardai si je ne voyais aucune lumière ; je relus en souvenir cette lettre qui me disait que depuis vingt ans personne n’était descendu dans ce souterrain, et qu’avant vingt ans peut-être personne n’y descendrait encore ; je me convainquis