Page:Dumas - La salle d'armes 1 Pauline, Dumont, 1838.djvu/334

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— Oh !…

— Écoutez. Vous savez si je vous aime et si j’aime ma sœur ; vous savez si, lorsqu’il s’agit de votre bonheur à toutes deux, je suis capable de prendre légèrement une résolution immuable ; vous savez enfin si, dans une circonstance aussi suprême, je suis homme à vous effrayer par un mensonge : eh bien ! ma mère, je vous le dis, je vous le jure, si ce mariage s’était fait, si je n’étais pas venu à temps, si mon père, en mon absence, n’était pas sorti de la tombe pour se placer entre sa fille et cet homme, si Gabrielle s’appelait à cette heure madame Horace de Beuzeval, ne me resterait qu’une chose à faire, et je la ferais, croyez-moi : ce serait de vous enlever, vous et votre fille, de fuir la France avec vous pour n’y rentrer jamais, et d’aller demander à quelque terre étrangère l’oubli et l’obscurité, au lieu de l’infamie qui nous attendrait dans votre patrie.

— Mais ne peux-tu pas me dire ?…

— Je ne puis rien dire… j’ai fait serment… Si je pouvais parler, je n’aurais qu’à prononcer une parole, et ma sœur serait sauvée.

— Quelque danger la menace-t-il donc ?