Page:Dumas - La salle d'armes 1 Pauline, Dumont, 1838.djvu/353

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tendis le coup du pistolet du comte, et je sentis une double commotion à la poitrine et au bras : la balle avait rencontré le canon du pistolet, et, en déviant, m’avait traversé les chairs de l’épaule. Le comte parut étonné de ne pas me voir tomber.

— Vous êtes blessé ? me dit-il en faisant un pas en avant.

— Ce n’est rien, répondis-je en prenant mon pistolet de la main gauche. À mon tour, monsieur. Le comte jeta le pistolet déchargé, reprit l’autre et se remit en place.

Je visai lentement et froidement, puis je fis feu. Je crus d’abord que je ne l’avais pas touché, car il resta immobile, et je lui vis lever le second pistolet ; mais, avant que le canon n’arrivât à ma hauteur, un tremblement convulsif s’empara de lui ; il laissa échapper l’arme, voulut parler, rendit une gorgée de sang et tomba raide mort : la balle lui avait traversé la poitrine.

Les témoins s’approchèrent d’abord du