Page:Dumas - La salle d'armes 1 Pauline, Dumont, 1838.djvu/362

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En ce moment le docteur entra ; je lui dis qu’une émotion violente venait d’amener chez Pauline une nouvelle crise. Nous remontâmes ensemble chez elle ; la malade était toujours évanouie, malgré l’eau qu’on lui avait jetée au visage et les sels qu’on lui avait fait respirer. Le docteur parla de la saigner, et commença les préparatifs de cette opération ; alors le courage me manqua, et, tremblant comme une femme, je me sauvai dans le jardin.

Là je restai une demi-heure à peu près, la tête appuyée dans mes mains et le front brisé par les mille pensées qui se heurtaient dans mon esprit. Dans tout ce qui venait de se passer j’avais suivi passivement le double intérêt de ma haine pour le comte et de mon amitié pour ma sœur ; je détestais cet homme du jour où il m’avait enlevé tout mon bonheur en épousant Pauline, et le besoin d’une vengeance personnelle, le désir de rendre le mal physique en échange de la douleur morale m’avait emporté comme malgré moi ; j’avais voulu tuer ou être tué, voilà tout.