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PAULINE

grandes herbes qui poussent sur les dunes : je n’avais plus rien à craindre, je m’arrêtai.

C’est une magnifique chose que la mer vue la nuit à la lueur de la foudre et pendant une tempête : c’est l’image du chaos et de la destruction ; c’est le seul élément à qui Dieu ait donné le pouvoir de se révolter contre lui en croisant ses vagues avec ses éclairs. L’océan semblait une immense chaîne de montagnes mouvantes, aux sommets confondus avec les nuages, et aux vallées profondes comme des abîmes ; à chaque éclat de tonnerre, une lueur blafarde serpentait de ces cimes à ces profondeurs, et allait s’éteindre dans des gouffres aussitôt fermés qu’ouverts, aussitôt ouverts que fermés. Je contemplais avec une terreur pleine de curiosité ce spectacle prodigieux, que Vernet voulut voir et regarda inutilement du mât du vaisseau où il s’était fait attacher ; car jamais pinceau humain n’en pourra rendre l’épouvantable grandiose et la