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PAULINE

côte, je ne pouvais me hasarder par le temps qu’il faisait à me mettre en quête d’une habitation. D’ailleurs j’avais, dans mes chasses de la Vendée et des Alpes, dans une chaumière bretonne ou dans un chalet suisse, passé vingt nuits plus mauvaises encore que celle qui m’attendait ; la seule chose qui m’inquiétât était un certain tiraillement d’estomac qui me rappelait que je n’avais rien pris depuis dix heures du matin, quand tout-à-coup je me rappelai que j’avais dit à madame Oseraie de songer aux poches de mon palletot : j’y portai vivement la main ; ma brave hôtesse avait suivi ma recommandation : je trouvai dans l’une un petit pain et dans l’autre une gourde pleine de rhum. C’était un souper parfaitement adapté à la circonstance ; aussi, à peine l’eus-je achevé que je sentis une douce chaleur renaître dans mes membres, qui commençaient à s’engourdir ; mes idées, qui avaient pris une teinte sombre dans l’attente d’une veille affamée, se ranimèrent dès que le besoin fut