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LA SALLE D’ARMES.

Et toute ma mémoire me revint… Oui, c’est bien cela… c’est bien la femme que j’ai rencontrée avec toi en Suisse et en Italie. Nous nous étions trouvés ensemble dans les salons de la princesse B., du duc de F., de Mme de M. Comment ne l’ai-je pas reconnue, toute pâle et défaite qu’elle était ? Oh ! mais une femme charmante, pleine de talens, de charmes et d’esprit ! De magnifiques cheveux noirs, avec des yeux doux et fiers ! Pauvre enfant ! pauvre enfant ! Oh ! je me la rappelle et je la reconnais maintenant.

— Oui, me dit Alfred d’une voix émue et étouffée, oui… c’est cela… Elle aussi t’avait reconnu, et voilà pourquoi elle te fuyait avec tant de soin. C’était un ange de beauté, de grâce et de douceur : tu le sais, car, ainsi que tu l’as dit, nous l’avons vue plus d’une fois ensemble ; mais ce que tu ne sais pas, c’est que je l’aimais alors de toute mon ame, que j’eusse certes tenté d’être son époux, si, à cette époque, j’avais eu la fortune que je