son adresse et sa force extraordinaire, Pascal Bruno soit devenu si rapidement le personnage bizarre qu’il voulait être. C’est que, si l’on peut parler ainsi, il s’était établi le justicier de la justice ; c’est que par toute la Sicile, et spécialement dans Bauso et ses environs, il ne se commettait pas un acte arbitraire qui put échapper à son tribunal ; et comme presque toujours ses arrêts atteignaient les forts, il avait pour lui tous les faibles. Ainsi, lorsqu’un bail exorbitant avait été imposé par un riche seigneur à quelque pauvre fermier ; lorsqu’un mariage était sur le point de manquer par la cupidité d’une famille ; lorsqu’une sentence inique allait frapper un innocent, sur l’avis qu’il en recevait, Bruno prenait sa carabine, détachait quatre chiens corses, qui formaient sa seule bande, montait sur son cheval du Val de Noto, demi-arabe et demi-montagnard comme lui, sortait de la petite forteresse, de Castel Nuovo, dont il avait fait sa résidence, allait trouver le seigneur, le père ou le juge, et le bail était diminué, le mariage conclu, le prisonnier élargi. On comprendra donc facilement que tous ces hommes auxquels il était
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