venu en aide lui payaient leur bonheur en dévouement, et que toute entreprise dirigée contre lui échouait, grâce à la surveillance reconnaissante des paysans, qui le prévenaient aussitôt, par des signes convenus, des dangers qui le menaçaient.
Puis des récits bizarres commençaient à circuler dans toutes les bouches ; car plus les esprits sont simples, plus ils sont portés à croire au merveilleux. On disait que dans une nuit d’orage où toute l’île avait tremblé, Pascal Bruno avait passé un pacte avec une sorcière, et qu’il avait obtenu d’elle, en échange de son âme, d’être invisible, d’avoir la faculté de se transporter en un instant d’un bout de l’île à l’autre, et de ne pouvoir être atteint ni par le plomb, ni par le fer, ni par le feu. Le pacte, disait-on, devait durer pendant trois ans, Bruno ne l’ayant signé que pour accomplir une vengeance à laquelle ce terme, tout restreint qu’il paraissait, était suffisant. Quant à Pascal, loin de détruire ces soupçons, il comprenait qu’ils lui étaient favorables, et tâchait, au contraire, de leur donner de la consistance.