Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/112

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À dix heures du soir, nous jetâmes l’ancre à vingt pas de la côte.


LA CAGE DE FER.

Si nous avions éprouvé des difficultés pour mettre pied à terre dans la capitale de l’archipel lipariote, ce fut bien autre chose pour descendre sur les côtes de Calabre : quoique notre capitaine eût pris la précaution de se rendre à la police dès l’ouverture du bureau, c’est-à-dire à six heures du matin, à huit il n’était pas encore de retour au speronare ; enfin, nous le vîmes poindre au bout d’une petite ruelle, escorté d’une escouade de douaniers, laquelle se rangea en demi-cercle sur le bord de la mer, formant un cordon sanitaire entre nous et la population : cette disposition stratégique arrêtée, on nous fit descendre avec nos papiers, qu’on prit de nos mains avec de longues pincettes, et qu’on soumit a une commission de trois membres choisis sans doute parmi les plus éclairés. L’examen ayant, à ce qu’il parait, été favorable, les papiers nous furent rendus, et l’on procéda à l’interrogatoire ; c’est à savoir, d’où nous venions, où nous allions, et dans quel but nous voyagions. Nous répondîmes sans hésiter que nous venions de Stromboli, que nous allions à Bauso, et que nous voyagions pour notre plaisir. Ces raisons furent soumises à un examen pareil à celui qu’avaient subi nos papiers ; et sans doute elles en sortirent victorieuses comme eux, car le chef de la troupe, rassuré sur notre état sanitaire, s’approcha de nous pour nous dire qu’on allait nous délivrer notre patente, et que nous pourrions continuer notre route ; une piastre que je lui offris, et qu’il ne crut pas devoir prendre, comme les passe-ports, avec des pincettes, activa les derniè-