Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/113

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

res formalités, de sorte qu’un quart d’heure après, c’est-à-dire vers les dix heures, nous reçûmes notre autorisation de partir pour Messine.

J’en profitai seul : Jadin avait avisé une barque de pêcheurs, et dans nette barque trois ou quatre poissons de formes et de couleurs tellement séduisantes, que le désir de faire une nature morte l’emporta chez lui sur celui de visiter le théâtre des exploits de Pascal Bruno ; en outre, il comptait le lendemain et le surlendemain aller prendre un croquis de Scylla.

Nous montâmes dans une petite barque, tout l’équipage et moi : chacun était pressé de revoir sa femme. Jadin, le mousse et Milord restèrent seuls pour garder le speronare. Ne voulant pas retarder leur bonheur d’un instant, j’autorisai nos matelots à piquer droit sur le village della Pace ; cette autorisation fut reçue avec des hourras de joie : chacun empoigna un aviron, et nous volâmes littéralement sur la surface de la mer.

Dès le matin, d’un côté du détroit à l’autre on avait reconnu notre petit bâtiment à l’ancre sur les côtes de Calabre ; et comme on s’était bien douté que la journée ne se passerait pas sans une visite de son équipage on ne l’avait pas perdu de vue : aussi, à peine avions-nous fait un mille, que nous commençâmes à voir s’amasser toute la population sur le bord de la mer. Cette vue redoubla l’ardeur de nos mariniers : en moins de quarante minutes nous fûmes à terre.

Comme j’étais le seul qui n’était attendu par personne, je laissai tout mon monde à la joie du retour, et, leur donnant rendez-vous pour le surlendemain à huit heures du matin à l’hôtel de la Marine, je m’acheminai vers Messine, où j’arrivai vers midi.

Il était trop tard pour songer à faire ma course le même jour, il m’aurait fallu coucher dans quelque infâme auberge de village, et je ne voulais pas anticiper sur les plaisirs que, sur ce point, me promettait la Calabre ; je me mis donc à courir par les rues de Messine pour voir si je n’aurais pas oublié de visiter quelque chef d’œuvre à mon premier voyage. Je n’avais absolument rien oublié.