Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/128

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à lui, comme si le hasard eût pris à tâche d’accréditer les bruits étranges qui s’étaient répandus sur son compte, pas une seule balle ne le toucha.

— Je vous l’avais bien dit, reprit tranquillement Bruno en se retournant vers ses convives, qu’il y avait quelque Judas parmi nous.

— Aux armes ! aux armes ! crièrent les quatre convives, qui avaient d’abord paru inquiets, et qui étaient des affiliés de Pascal ; aux armes !

— Aux armes ! et pourquoi faire ? s’écria Placido ; pour nous faire tuer tous ? Mieux vaut nous rendre.

— Voilà le traître, dit Pascal en dirigeant le bout de son pistolet sur Tommaselli.

— A mort ! à mort, Placido ! crièrent les convives en s’élançant sur lui pour le poignarder avec les couteaux qui se trouvaient sur la table.

— Arrêtez, dit Bruno.

Et prenant Placido, pâle et tremblant, par le bras, il descendit avec lui dans une cave située juste au-dessous de la chambre où la table était dressée, et lui montrant, à la lueur de la lampe qu’il tenait, de l’autre main, trois tonneaux de poudre, communiquant les uns aux autres par une mèche commune, laquelle, grimpant le long du mur communiquait à travers le plafond avec la chambre du souper :

— Maintenant, dit Bruno, va trouver le chef de la troupe, et dis-lui que s’il essaie de me prendre d’assaut, je me fais sauter, moi et tous ses hommes. Tu me connais, tu sais que je ne menace pas inutilement ; va, et dis ce que tu as vu.

Et il ramena Tommaselli dans la cour.

— Mais par où vais-je sortir ? demanda celui-ci, qui voyait toutes les portes barricadées.

— Voici une échelle, dit Bruno.

— Mais ils croiront que je veux me sauver, et ils tireront sur moi, s’écria Tommaselli.

— Dame ! ceci, c’est ton affaire, dit Bruno ; que diable ! quand on fait le commerce, on ne spécule pas toujours à coup sûr.

— Mais j’aime mieux rester ici, dit Tommaselli.

Pascal, sans répondre une seule parole, tira un pistolet de