Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/129

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sa ceinture, d’une main le dirigea sur Tommaselli, et de l’autre lui montra l’échelle.

Tommaselli comprit qu’il n’y avait rien à répliquer, et commença son ascension, tandis que Bruno détachait ses trois chiens corses.

Le traître ne s’était pas trompé ; à peine eut-il dépassé la muraille de la moitié du corps, que quinze ou vingt coups de fusil partirent, et qu’une balle lui traversa le bras.

Tommaselli voulut se rejeter dans la cour, mais Bruno était derrière lui le pistolet à la main.

— Parlementaire ! cria Tommaselli, parlementaire ! je suis Tommaselli ; ne tirez pas, ne tirez pas.

— Ne tirez pas, c’est un ami, dit une voix qu’à son accent de commandement on n’eut pas de peine à reconnaître pour celle d’un chef.

Il prit alors à Pascal Bruno une terrible envie de lâcher dans les reins du traître le coup de pistolet dont il l’avait déjà trois fois menacé, mais il réfléchit que mieux valait lui laisser accomplir la commission dont il l’avait chargé que d’en tirer une vengeance inutile. Au reste, Tommaselli, qui avait jugé qu’il n’y avait pas pour lui de temps à perdre, sans se donner la peine de tirer l’échelle de l’autre côté du mur, venait de sauter du haut en bas.

Pascal Bruno entendit le bruit de ses pas qui s’éloignaient, et remontant aussitôt vers ses compagnons :

— Maintenant, dit-il, nous pouvons combattre tranquillement, il n’y a plus de traîtres parmi nous.

En effet, dix minutes après, le combat commença. Grâce à l’avis donné par Tommaselli, les miliciens n’osaient risquer un assaut, dans la crainte qu’ainsi que l’avait dit Bruno, il ne les fît tous sauter avec lui ; on se borna donc à une guerre de fusillade : c’était ce que désirait le bandit, qui ainsi gagnait du temps, et qui, grâce à son adresse et à celle de ses compagnons, espérait obtenir une capitulation honorable.

Tous les avantages de la position étaient pour Bruno. Abrités par les murailles, lui et ses compagnons tiraient à coup sûr, tandis que les miliciens essuyaient le feu à découvert : aussi chaque balle portait-elle ; et quoiqu’ils ré-