Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/132

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Puisque tu as la parole des chefs, dit le parlementaire.

— C’est sur une parole semblable que mes six oncles ont été envoyés aux galères ; ne vous étonnez donc pas de ce que je prends mes précautions.

— Mais… dit le parlementaire.

— Mais, interrompit Bruno, c’est à prendre ou à laisser. Le parlementaire retourna vers les assiégeans. Aussitôt les chefs se formèrent en conseil : une délibération eut lieu ; cette délibération eut pour résultat que les trois capitaines de milice tireraient au sort, et que celui que le sort désignerait se constituerait l’otage de Bruno.

Les trois billets furent mis dans un chapeau ; deux de ces billets étaient blancs, le troisième était noirci intérieurement avec de la poudre. Le billet noir était le billet perdant.

Les Siciliens sont braves, j’ai déjà eu occasion de le dire, et je le répète : le capitaine auquel tomba le billet noir donna une poignée de main à ses camarades, déposa a terre son fusil et sa giberne, et, prenant à son tour la baguette de fusil ornée du mouchoir blanc, pour ne laisser aucun doute sur sa mission pacifique, il s’achemina vers la porte du château qui s’ouvrit devant lui. Derrière la porte il trouva Bruno et ses quatre compagnons.

— Eh bien ! dit l’otage, acceptes-tu les conditions proposées ? Tu vois que nous les acceptons, nous, et que nous comptons les tenir, puisque me voilà.

— Et moi aussi je les accepte, et je les tiendrai, dit Bruno.

— Et vos quatre compagnons libres, vous vous rendrez à moi ?

— À vous, et pas à un autre.

— Sans conditions nouvelles !

— À une seule.

— Laquelle ?

— C’est que j’irai à pied à Messine ou à Palerme, soit qu’on veuille me pendre dans l’une ou dans l’autre de ces deux villes ; et qu’on ne me liera ni les jambes, ni les bras.

— Accordé.

— À merveille.

Pascal Bruno se retourna vers ses quatre amis, les em-