Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/136

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sait une de ces haltes nombreuses que lui imposait l’encombrement des rues, quatre nouveaux moines vinrent se joindre au cortège de pénitens qui suivaient immédiatement Pascal. Un de ces moines leva son capuchon, et Pascal reconnut un des braves qui avaient soutenu le siège avec lui ; il comprit aussitôt que les trois autres moines étaient ses trois autres compagnons, et qu’ils étaient venus là dans l’intention de le sauver.

Alors Pascal demanda à parler à celui des moines avec lequel il avait échangé un signe de reconnaissance, et le moine s’approcha de lui.

— Nous venons pour te sauver, dit le moine.

— Non, dit Pascal, vous venez pour me perdre.

— Comment cela ?

— Je me suis rendu sans restriction aucune, je me suis rendu sur la promesse qu’on vous laisserait la vie, et on vous l’a laissée. Je suis aussi honnête homme qu’eux : ils ont tenu leur parole, je tiendrai la mienne.

— Mais..., reprit le moine, essayant de convaincre le condamné.

— Silence, dit Pascal, ou je vous fais arrêter. Le moine reprit son rang sans mot dire ; puis, lorsque le cortège se fut remis en marche, il échangea quelques paroles avec ses compagnons, et à la première rue transversale qui se présenta, ils quittèrent la file et disparurent.

On arriva sur la place de la Marine : les balcons étaient chargés des plus belles femmes et des plus riches seigneurs de Palerme. L’un d’eux surtout, placé juste en lace du gibet, était, comme aux jours de fêtes, tendu d une draperie de brocart ; c’était celui qui était réservé à la comtesse Gemma de Castel-Novo.

Arrivé au pied de la potence, le bourreau descendit de cheval et planta sur la poutre transversale le drapeau rouge, signal de l’exécution : aussitôt on délia Pascal, qui sauta à terre, monta de lui-même et à reculons l’échelle fatale, présenta son cou pour qu’on y passât le lacet, et, sans attendre que le bourreau le poussât, s’élança lui-même de l’échelle.

Toute la foule jeta un cri simultané ; mais si puissant que fut ce cri, celui que poussa le condamné le domina de telle