Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/137

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sorte, que chacun en conçut cette idée, que ce cri était celui que jetait le diable en lui sortant du corps ; si bien qu’il y eut dans la foule une terreur telle, que les assistans se ruèrent les uns sur les autres, et que dans la bagarre l’oncle de notre capitaine, qui était chef de milice, perdit, comme nous le raconta celui-ci, ses boucles d’argent et sa cartouchière.

Le corps de Bruno fut remis aux pénitens blancs, qui se chargèrent de l’ensevelir ; mais comme ils l’avaient rapporté au couvent où ils s’occupaient de ce pieux office, le bourreau se présenta et vint réclamer la tête. Les pénitens voulurent d’abord défendre l’intégralité du cadavre, mais le bourreau tira de sa poche un ordre du ministre de la justice qui décrétait que la tête de Pascal Bruno serait, pour servir d’exemple, exposée dans une cage de fer, le long des murailles du château baronial de Bauso.

Ceux qui désireront de plus amples renseignemens sur cet illustre bandit, pourront recourir au roman que j’ai publié sur lui en 1837 ou 38, je crois, ceci étant son histoire pure et simple, telle que me l’a racontée, et telle que je l’ai, encore signée de sa main dans mon album, Son Excellence don Cesare Alletto, notaire à Calvaruso.


SCYLLA.

Aussitôt cette histoire terminée, écrite sur mon album et revêtue du seing authentique du digne fonctionnaire qui me l’avait racontée, et que la force de son esprit mettait, comme on le voit, au-dessus des traditions superstitieuses auxquelles croyaient si aveuglément les gens de notre équipage, nous nous levâmes et nous acheminâmes vers les lieux où