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Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/145

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Ce mouvement me fit plaisir : cependant je ne parus pas le remarquer, et, renfonçant les deux piastres dans ma poche, je continuai.

— Eh bien, mon cher maréchal, tout cela est à votre service, si vous voulez seulement me permettre, avant de me conduire chez le juge, d’envoyer chercher mon passe-port à San-Giovanni ; pendant ce temps vous me tiendrez une agréable compagnie, nous fumerons, nous boirons, nous jouerons même aux cartes si vous aimez le piquet ou la bataille ; vos hommes, pour plus grande sûreté, resteront à la porte, et, pour qu’ils ne s’ennuient pas trop de leur côté, je leur enverrai trois bouteilles de vin ; ah ! voilà une proposition, j’espère : vous va-t-elle ?

— D’autant mieux, me répondit le brigadier, qu’elle s’accorde parfaitement avec mon devoir.

— Comment donc ! est-ce que vous croyez que je me serais permis une proposition inconvenante ? Peste ! je n’aurais eu garde, je connais trop bien la rigidité des troupes de S. M. Ferdinand. A la santé de S. M. Ferdinand, maréchal ; ah ! vous ne pouvez pas refuser, ou je dirai que vous êtes un sujet rebelle.

— Aussi je ne refuse pas, dit le brigadier. Et il tendit son verre.

— Maintenant, me dit-il après avoir fait honneur au toast royal proposé par moi, maintenant, Excellence, si on ne vous apportait pas de passe-port ?

— Oh ! alors, lui dis-je, vous auriez les deux piastres tout de même, et la preuve c’est que les voilà d’avance, tant j’ai confiance en vous, et vous serez parfaitement libre de me faire reconduire de brigade en brigade jusqu’à Naples.

Et je lui donnai les deux piastres, qu’il mit dans sa poche avec un laisser aller qui prouvait l’habitude qu’il avait de ces sortes de négociations.

— Votre Excellence a-t-elle une préférence quelconque pour le messager qui doit aller chercher son passe-port ? me demanda alors le brigadier.

— Oui, maréchal ; avec votre permission, je désirerais qu’un de vos hommes... Venez ici. Je le conduisis à la fenêtre et lui montrai de loin, sur la grande route, Jadin qui,