Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/149

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l’équipage, si le vieux l’a dit, dame ! c’est l’Évangile. L’a-t-il dit, capitaine ?

— Il l’a dit, répondit gravement celui auquel la question était adressée.

— Ah ! nous avions bien vu qu’il y avait quelque chose sous jeu ; il avait la mine toute gendarmée, n’est-ce pas, les autres ?

Tout l’équipage fit un signe de tête qui indiquait que, comme Pietro, chacun avait remarqué la préoccupation du vieux prophète.

— Mais, demandai-je, est-ce que lorsque le vent souffle il a l’habitude de souffler longtemps ?

— Dame ! dit le capitaine, huit jours, dix jours ; quelquefois plus, quelquefois moins.

— Et alors on ne peut pas sortir du détroit ?

— C’est impossible.

— Vers quelle heure le vent soufflera-t-il ?

— Eh ! vieux ! dit le capitaine.

— Présent, dit Nunzio en se levant derrière sa cabine.

— Pour quelle heure le vent ?

Nunzio se retourna, consulta jusqu’au plus petit nuage du ciel ; puis se retournant de noire côté :

— Capitaine, dit-il, ce sera pour ce soir, entre huit et neuf heures, un instant après que le soleil sera couché.

— Ce sera entre huit et neuf heures, répéta le capitaine avec la même assurance que si c’eût été Matthieu Laensberg ou Nostradamus qui lui eût adressé la réponse qu’il nous transmettait.

— Mais, en ce cas, demandai-je au capitaine, ne pourrait-on sortir tout de suite ? nous nous trouverions alors en pleine mer ; et, pourvu que nous arrivions à gagner le Pizzo, c’est tout ce que je demande.

— Si vous le voulez absolument, répondit directement le pilote, on tâchera.

— Eh bien ! lâchez-donc alors.

— Allons, allons, dit le capitaine : on part ! Chacun à son poste.

En un instant, et sans faire une seule observation, tout le monde fut à la besogne ; l’ancre fut levée, et le bâtiment,