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Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/17

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Art. 48.

« Cependant, comme on est quelquefois avec les aliénés contraint d’employer la force, dans les cas extrêmes la force sera employée. Alors la répression se fera, non pas avec bruit et dureté, mais avec fermeté et humanité en même temps, et en faisant comprendre, autant que cela sera possible, aux malades la douleur que leurs gardiens éprouvent d’être contrains de se servir de pareils moyens envers eux. »

Art. 54

« L’emploi de la camisole de force ne sera jamais ordonné que par le directeur, mais encore toutes les précautions seront prises au moment d’en faire usage, surtout lorsqu l’application devra en être faite à une femme, à laquelle le serrement des courroies pourrait faire beaucoup de mal en comprimant les muscles de la poitrine. »

J’achevais la lecture delle Instruzioni (c’est le titre de ces règlemens) lorsque le baron rentra accompagné de Lucca, parfaitement calmé par la musique qu’il venait de faire, et qui, ayant appris mon nom, voulait, en sa qualité de confrère en poésie, me faire ses complimens. Il connaissait de moi Antony et Charles VII, et me pria de lui mettre quelques vers sur son album. Je lui demandai la réciprocité, mais il réclama jusqu’au lendemain matin, voulant me faire ces vers tout exprès. Il était redevenu parfaitement calme, parlait avec douceur et gravité à la fois, et, sauf la conviction qu’il avait gardée d’être Dante, n’avait pour le moment aucune des manières d’un fou.

L’heure était venue de nous retirer ; d’ailleurs, un des spectacles que je supporte le moins longtemps et avec le plus de peine, est celui de la folie. Le baron, qui avait affaire de notre côté, nous offrit de nous reconduire, nous acceptâmes.

En traversant la cour, je revis la jeune fille qui était venue se jeter dans les bras du baron ; elle était agenouillée devant le bassin d’une fontaine, et elle s’y regardait comme dans un miroir, s’amusant à tremper dans l’eau les longues