Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/170

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tés de Palma, mais bien à nous assurer la meilleure chambre et les draps les plus blancs de l’auberge de l’Aigle d’Or, où, pour se venger de nous sans doute, nous conduisit notre guide ; puis, les premières précautions prises, nous fîmes une espèce de toilette pour aller porter à son adresse une lettre que nous avait prié de remettre en passant et en mains propres notre brave capitaine. Cette lettre était destinée à monsieur Piglia, l’un des plus riches négocians en huile de la Calabre.

Nous trouvâmes dans monsieur Piglia non-seulement le négociant pas fier dont nous avait parlé Pietro, mais encore un homme fort distingué. Il nous reçut comme eût pu le faire un de ses aïeux de la Grande-Grèce, c’est-à-dire en mettant à notre disposition sa maison et sa table. À cette proposition courtoise, ma tentation d’accepter l’une et l’autre fut grande, je l’avoue ; j’avais presque oublié les auberges de la Sicile, et je n’étais pas encore familiarisé avec celles de Calabre, de sorte que la vue de la nôtre m’avait un peu terrifié ; nous n’en refusâmes pas moins le gîte, retenus par une fausse honte ; mais heureusement il n’y eut pas moyen d’en faire autant du déjeuner offert pour le lendemain. Nous objectâmes bien à la vérité la difficulté d’arriver le lendemain soir à Monteleone si nous partions trop tard de Palma, mais monsieur Piglia détruisit à l’instant même l’objection en nous disant de faire partir le lendemain, dès le matin, le muletier et les mules pour Gioja, et en se chargeant de nous conduire jusqu’à cette ville en voiture, de manière à ce que, trouvant les hommes et les bêtes bien reposés, nous pussions repartir à l’instant même. La grâce avec laquelle nous était faite l’invitation, plus encore que la logique du raisonnement, nous décida à accepter, et il fut convenu que le lendemain, à neuf heures du matin, nous nous mettrions à table, et qu’à dix heures nous monterions en voiture.

Une nouvelle surprise nous attendait en rentrant à l’hôtel : outre toutes les chances que nos chambres par elles-mêmes nous offraient de ne pas dormir, il y avait un bal de noce dans l’établissement. Cela me rappela notre fête de la veille si singulièrement interrompue, notre chorégraphe Agnolo, et la danse du Tailleur. L’idée me vint alors, puisque j’étais