Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/169

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Palma sans mauvaise rencontre et sans nouvelles observations.

Rien n’est plus promptement visité qu’une ville de Calabre ; excepté les éternels temples de Pestum qui restent obstinément debout à l’entrée de cette province, il n’y a pas un seul monument à voir de la pointe de Palinure au cap de Spartinento ; les hommes ont bien essayé, comme partout ailleurs, d’y enraciner la pierre, mais Dieu ne l’a jamais souffert. De temps en temps il prend la Calabre à deux mains, et comme un vanneur fait du blé, il secoue rochers, villes et villages. Cela dure plus ou moins longtemps ; puis, lorsqu’il s’arrête, tout est changé d’aspect sur une surface de soixante-dix lieues de long et de trente ou quarante de large. Où il y avait des montagnes il y a des lacs, où il y avait des lacs il y a des montagnes, et où il y avait des villes il n’y a généralement plus rien du tout. Alors, ce qui reste de la population, pareil à une fourmilière dont un voyageur en passant a détruit l’édifice, se remet a l’œuvre ; chacun charrie son moellon, chacun traîne sa poutre ; puis, tant bien que mal et autant que possible, à la place où était l’ancienne ville, on bâtit une ville nouvelle qui, comme à chacune des villes qui l’ont précédée, durera ce qu’elle pourra. On comprend qu’avec cette éternelle éventualité de destruction, on s’occupe peu de bâtir selon les règles de l’un des six ordres reconnus par les architectes. Vous pouvez donc, à moins que vous n’ayez quelque recherche historique, géologique ou botanique à faire, arriver le soir dans une ville quelconque de la Calabre, et en partir le lendemain matin : vous n’aurez rien laissé derrière vous qui mérite la peine d’être vu. Mais, ce qui est digne d’attention dans, un pareil voyage, c’est l’aspect sauvage du pays, les costumes pittoresques de ses habitans, la vigueur de ses forêts, l’aspect de ses rochers, et les mille accidens de ses chemins. Or, tout cela se voit dans le jour, tout cela se rencontre sur les routes ; et un voyageur qui, avec une tente et des mulets, irait de Pestum à Reggio sans entrer dans une seule ville, aurait mieux vu la Calabre que celui qui, en suivant la grande route par étapes de trois lieues, aurait séjourné dans chaque, ville et dans chaque village.

Nous ne cherchâmes donc aucunement à voir les curiosi-