Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/193

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étaient à Cosenza, mais qui se trouvait, lui, momentanément dans sa famille au Pizzo, et lui avait raconté ce qui venait d’arriver, en lui proposant de se mettre à la tête de la population et d’arrêter Murat. Trenta Capelli avait aussitôt compris quels avantages résulteraient immanquablement pour lui d’un pareil service rendu au gouvernement. Il était en uniforme, tout prêt d’assister à la messe ; il s’élança de chez lui, suivi de Pellegrino, courut sur la place, proposa à toute la population, déjà en rumeur, de se mettre à la poursuite de Murat. Le cri : Aux armes ! retentit aussitôt ; chacun se précipita dans la première maison venue, en sortit avec un fusil, et, guidée par Trenta Capelli et Georges Pellegrino, toute cette foule s’élança sur la route de Monteleone, coupant la retraite à Murat et à sa petite troupe.

Murat avait atteint le pont qui se trouve à trois cents pas à peu près en avant du Pizzo, lorsqu’il entendit derrière lui les cris de toute cette meute qui aboyait sur sa voie ; il se retourna, et, comme il ne savait pas fuir, il attendit.

Trenta Capelli marchait en tête. Lorsqu’il vit Murat s’arrêter, il ne voulut pas perdre l’occasion de le faire prisonnier de sa main ; il fit donc signe à la population de se tenir où elle était, et s’avançant seul contre Murat, qui de son côté s’avançait seul vers lui :

— Vous voyez que la retraite vous est coupée, lui dit-il ; vous voyez que nous sommes trente contre un, et que par conséquent il n’y a pas moyen pour vous de résister ; rendez-vous donc, et vous épargnerez l’effusion du sang.

— J’ai quelque chose de mieux que cela à vous offrir, dit à son tour Murat ; suivez-moi, réunissez-vous à moi avec cette troupe, et il y a les épaulettes de général pour vous, et pour chacun de ces hommes cinquante louis.

— Ce que vous me proposez est impossible, dit Trenta Capelli, nous sommes tous dévoués au roi Ferdinand à la vie et à la mort ; vous ne pouvez en douter, pas un d’eux n’a répondu à votre cri de Vive Joachim ! n’est-ce pas ? Écoutez.

Et Trenta Capelli, levant son épée en l’air, cria :

Vive Ferdinand !

Vive Ferdinand ! répéta d’une seule voix toute la popu-