Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/200

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prisonnier pouvait avoir besoin de quelque chose pendant la nuit, il fit porter un poulet froid, du pain et du vin dans sa chambre. Après être resté un quart d’heure à peu près à table, Murat, ne pouvant, plus supporter la contrainte qu’il éprouvait, manifesta le désir, de se retirer dans sa chambre, et d’y rester seul et tranquille jusqu’au lendemain. Le général Nunziante s’inclina en signe d’adhésion, et reconduisit le prisonnier jusqu’à sa chambre. Sur le seuil, Murat se retourna et lui présenta la main ; puis il rentra, et la porte se referma sur lui.

Le lendemain, à neuf heures du matin, une dépêche télégraphique arriva en réponse à celle qui avait annoncé la tentative de débarquement et l’arrestation de Murat. Cette dépêche ordonnait la convocation immédiate d’un conseil de guerre. Murat devait être jugé militairement, et avec toute la rigueur de la loi qu’il avait rendue lui-même en 1810 contre tout bandit qui serait pris dans ses États les armes à la main.

Cependant cette mesure paraissait si rigoureuse au général Nunziante, qu’il déclara que, comme il pouvait y avoir erreur dans l’interprétation des signes télégraphiques, il attendrait une dépêche écrite. De cette façon, le prisonnier eut un sursis de trois jours, ce qui lui donna une nouvelle confiance dans la façon dont il allait être traité. Mais enfin, le 12 au matin, la dépêche écrite arriva. Elle était brève et précise ; il n’y avait pas moyen de l’éluder. La voici :

« Naples, 9 octobre 1815.

» Ferdinand, par la grâce de Dieu, etc.

» Avons décrété et décrétons ce qui suit :

» art. 1er. Le général Murat sera jugé par une commission militaire dont les membres seront nommés par notre ministre de la guerre.

» art. 2. Il ne sera accordé au condamné qu’une demi-heure pour recevoir les secours de la religion. »

Comme on le voit, on doutait si peu de la condamnation, qu’on avait déjà réglé le temps qui devait s’écouler entre la condamnation et la mort.