— Allons donc, général, je plaisante, voilà tout.
Murat tira sa montre de son gousset : c’était une montre enrichie de diamans, sur laquelle était le portrait de la reine ; le hasard fit qu’elle se présenta du côté de l’émail.
Murat regarda un instant le portrait avec une expression de douleur indéfinissable, puis avec un soupir :
— Voyez donc, général, dit-il, comme la reine est ressemblante. Puis il allait remettre la montre dans sa poche, lorsque, se rappelant tout à coup pour quelle cause il l’avait tirée :
— Oh ! pardon, général, dit-il, j’oubliais le principal ; voyons, il est trois heures passées ; ce sera pour quatre heures, si vous voulez bien ; cinquante-cinq minutes , est-ce trop !
— C’est bien, général, dit Nunziante. Et il fit un mouvement pour sortir en sentant qu’il étouffait.
— Est-ce que je ne vous reverrai pas ? dit Murat en l’arrêtant.
— Mes instructions portent que j’assisterai à votre exécution, mais vous m’en dispenserez, n’est-ce pas, général ? je n’en aurais pas la force...
— C’est bien ! c’est bien ! enfant que vous êtes, dit Murat ; vous me donnerez la main en passant, et ce sera tout.
Le général Nunziante se précipita vers la porte ; il sentait lui-même qu’il allait éclater en sanglots. De l’autre côté du seuil, il y avait deux prêtres.
— Que veulent ces hommes ? demanda Murat, croient-ils que j’ai besoin de leurs exhortations, et que je ne saurai pas mourir ?
— Ils demandent à entrer, sire, dit le général, donnant pour la première fois dans son trouble, au prisonnier, le titre réservé à la royauté.
— Qu’ils entrent, qu’ils entrent, dit Murat. Les deux prêtres entrèrent : l’un d’eux se nommait Francesco Pellegrino, et était l’oncle de ce même Georges Pellegrino qui était cause de la mort de Murat ; l’autre s’appelait don Antonio Masdea.
— Maintenant, messieurs, leur dit Murat en faisant un