Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/207

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« Moi, Joachim Murat, je meurs en chrétien, croyant à la sainte église catholique, apostolique et romaine. » JOACHIH MURAT. »

Et il remit le billet au prêtre.

Le prêtre s’éloigna.

— Mon père, dit Murat, votre bénédiction.

— Je n’osais pas vous l’offrir de vive voix, mais je vous la donnais de cœur, répondit le prêtre. Et il imposa les deux mains sur cette tête qui avait porté le diadème.

Murat s’inclina et dit à voix basse quelques paroles qui ressemblaient à une prière ; puis il fit signe à don Masdea de le laisser seul. Cette fois le prêtre obéit. Le temps fixé entre le départ du prêtre et l’heure de l’exécution s’écoula sans qu’on pût dire ce que fit Murat pendant cette demi-heure. Sans doute il repassa toute sa vie, à partir du village obscur, et qui, après avoir brillé, météore royal, revenait s’éteindre dans un village inconnu. Tout ce que l’on peut dire c’est qu’une partie de ce temps avait été employée à sa toilette, car lorsque le général Nunziante rentra il trouva Murat prêt comme pour une parade ; ses cheveux noirs étaient régulièrement séparés sur son front, et encadraient sa figure maie et tranquille ; il appuyait la main sur le dossier d’une chaise, et dans l’attitude de l’attente.

— Vous êtes de cinq minutes en retard, dit-il ; tout est-il prêt ?

— Le général Nunziante ne put lui répondre tant il était ému, mais Murat vit bien qu’il était attendu dans la cour ; d’ailleurs, en ce moment, le bruit des crosses de plusieurs fusils retentit sur les dalles.

— Adieu, général, adieu, dit Murat ; je vous recommande ma lettre à ma chère Caroline.

Puis, voyant que le général cachait sa tête entre ses deux mains, il sortit de la chambre et entra dans la cour.

— Mes amis, dit-il aux soldats qui l’attendaient, vous savez que c’est moi qui vais commander le feu ; la cour est assez étroite pour que vous tiriez juste : visez à la poitrine, sauvez le visage.