Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/212

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d’un instant, je me trouvai le but de caravanes de punaises tellement nombreuses, que je leur cédai la place, et que j’essayai de dormir couché sur deux chaises. Peut-être y serais-je parvenu si j’avais eu des contrevens à la chambre, mais il n’y avait que des fenêtres, et les éclairs étaient tellement continus, qu’on eût véritablement dit qu’il faisait grand jour. Le matin j’appelais nos matelots à grands cris, mais à cette heure je priais Dieu qu’ils n’eussent pas quitté le port.

Le jour vint enfin sans que j’eusse fermé l’œil ; c’était la troisième nuit que je ne pouvais dormir ; j’étais écrasé de fatigue. Comme Murat, j’eusse donné cinquante ducats d’un bain ; mais il fut impossible, dans tout le Pizzo, de trouver une baignoire : le chevalier Alcala seul en avait une, probablement celle qui avait servi au prisonnier. Mais quelque envie que j’eusse d’agir en roi, je n’osai pousser l’indiscrétion jusque-là.

Avec le jour la tempête se calma, mais l’air était devenu très froid, et le temps nuageux et couvert. Dans un tout autre moment je me serais étendu sur le sable de la mer et j’aurais enfin dormi saisie sable de la mer était tout détrempé, et il était devenu une plaine de boue pareille aux volcans des Maccalubi. Nous n’en sortîmes pas moins de notre bouge afin de chercher notre nourriture, que nous finîmes par trouver dans une petite auberge située sur la place. Pendant que nous étions à déjeuner, nous demandâmes si l’on ne pourrait pas nous coucher la nuit suivante : on nous répondit, comme toujours, affirmativement, et en nous montrant une chambre où du moins il y avait l’air de n’avoir que des puces. Nous envoyâmes notre muletier payer notre carte à l’auberge de la plage, et nous fîmes transporter notre roba dans notre nouveau domicile.

Jadin, qui était parvenu à dormir quelque peu la nuit précédente, s’en alla prendre une vue générale du Pizzo ; pendant ce temps, je fis couvrir mon lit avec l’intention de me reposer au moins si je ne pouvais dormir.

Mais alors se renouvela l’histoire des draps : les draps sont une grande affaire dans les auberges d’Italie en général, et dans celles de Sicile et de Calabre en particulier. Il est