Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/216

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trouverions point d’auberge, et que par conséquent il ne fallait pas penser à nous y arrêter, mais à y passer seulement. Nous nous informâmes alors où nous pourrions faire halte pour la nuit, et notre Pizziote nous indiqua le bourg de Maïda comme le plus voisin de celui de Vena, et celui dans lequel, à la rigueur, des signori pouvaient s’arrêter ; nous le priâmes donc de se détourner de la grande route et de nous conduire à Maïda. Comme c’était le garçon le plus accommodant du monde, cela ne fit aucune difficulté ; c’était un jour de retard pour arriver à Cosenza, voilà tout. Noue nous arrêtâmes sur le midi à un petit village nommé Fundaco del Fico, pour reposer nos montures et essayer de de déjeuner ; puis, après une halte, d’une lieue, nous reprîmes noire course, en laissant la grande route à notre gauche et en nous engageant dans la montagne.

Depuis trois ou quatre jours, la crainte de mourir de faim dans les auberges avait à peu près cessé ; nous étions engagés dans la région des montagnes où poussent les châtaigniers, et, comme nous approchions de l’époque de l’année où l’on commence la récolte de cet arbre, nous prenions les devans de quelques jours en bourrant nos poches de châtaignes, qu’en arrivant dans les auberges je faisais cuire sous la cendre et mangeais de préférence au macaroni, auquel je n’ai jamais pu m’habituer, et qui était souvent le seul plat qu’avec toute sa bonne volonté notre hôte pût nous offrir. Cette fois, comme toujours, je me gardai bien de déroger à cette habitude, attendu que d’avance je me faisais une assez médiocre idée du gîte qui nous attendait.

Après trois heures de marche dans la montagne, nous aperçûmes Maïda. C’était un amas de maisons, situées au haut d’une montagne, qui avaient été recouvertes primitivement, comme toutes les maisons calabraises, d’une couche de plâtre ou de chaux, mais qui, dans les secousses successives qu’elles avaient éprouvées, avaient secoué une partie de cet ornement superficiel, et qui, presque toutes, étaient couvertes de larges taches grises qui leur donnaient l’air d’avoir eu quelque maladie de peau. Nous nous regardâmes, Jadin et moi, en secouant la tête et en supputant mentalement la quantité incalculable d’animaux de toute espèce qui, outre