Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/251

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TERRE MOTI.

Le baron Mollo nous avait entendus exprimer la veille le désir que nous avions d’aller visiter Castiglione, un des villages des environs de Cosenza qui avaient le plus souffert. En conséquence, à neuf heures du matin, nous vîmes arriver sa voiture, mise par lui à notre disposition pour toute la journée.

Nous partîmes vers les dix heures ; la voiture ne pouvait nous conduire qu’à trois milles de Cosenza. Arrivés là, nous devions prendre par un sentier dans la montagne, et faire trois autres milles à pied avant d’arriver à Castiglione.

À peine fûmes-nous partis qu’une pluie fine commença de tomber, qui, s’augmentant sans cesse, était passée à l’état d’ondée, lorsque nous mîmes pied à terre. Cependant, nous n’en résolûmes pas moins de continuer notre chemin ; nous prîmes un guide, et nous nous acheminâmes vers le malheureux village.

Nous l’aperçûmes d’assez loin, situé qu’il est au sommet d’une montagne, et, du plus loin que nous l’aperçûmes, il nous apparut comme un amas de ruines. Au milieu de ces ruines, nous voyions s’agiter toute la population. En effet, en nous approchant, nous nous aperçûmes que tout le monde était occupé à faire des fouilles : les vivants déterraient les morts.

Rien ne peut donner une idée de l’aspect de Castiglione. Pas une maison n’était restée intacte ; la plupart étaient entièrement écroulées, quelques-unes étaient englouties entièrement : un toit se trouvait au niveau du sol et l’on passait dessus ; d’autres maisons avaient tourné sur elles-mêmes, et parmi celles-ci il y en avait une dont la façade, qui était d’abord à l’orient, s’était retrouvée vers le nord ; la portion de terrain sur laquelle le bâtiment était situé avait suivi le