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Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/263

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pièces, d’une chapelle et d’une cuisine, le tout au premier étage. Le rez-de-chaussée formait trois grandes caves ; au-dessous, un vaste magasin contenait alors quatre-vingts tonnes d’huile : attenantes à cette même maison étaient quatre autres petites maisons de campagne appartenant à d’autres habitans ; un peu plus loin une espèce de pavillon destiné à servir de refuge aux maîtres et aux domestiques pendant les tremblemens de terre ; ce pavillon contenait six pièces élégamment meublées. Plus loin, enfin, se trouvait une autre maisonnette avec une seule chambre à coucher et un salon d’une longueur immense sur une largeur proportionnée.

» Telle était encore, avant l’époque du 5 février, la situation des lieux en question. Au moment même de la secousse, toute espèce de vestige de tant de différentes maisons, de tant de matériaux, de meubles d’utilité, de luxe et d’élégance, tout avait disparu ; tout jusqu’au sol même avait tellement changé d’aspect et de place, tout s’était effacé tellement et du site et de la mémoire des hommes, qu’aucun de ces propriétaires ne put reconnaître, après la catastrophe, ni les ruines de sa maison, ni l’emplacement où elle avait existé.

» L’histoire des désastres de Sitizzano et Cusoletto offre les deux faits suivans :

» Un voyageur fut surpris par le tremblement de terre, qui, en changeant la situation des rochers, des montagnes, des vallons et des plaines, avait nécessairement effacé toute trace de chemin. On sait que dans la matinée du 3 il était parti à cheval pour se rendre de Cusoletto à Sitizzano. Ce fut tout ce qu’on en put savoir, l’homme ni le cheval ne reparurent plus.

» Une jeune paysanne, nommée Catherine Polystène, sortait de cette première ville pour rejoindre son père qui travaillait dans les champs. Surprise par ce grand bouleversement de la nature, la jeune fille cherche un refuge sur la pente d’une colline qui vient de sortir, à ses yeux, de la terre convulsive, et qui, de tous les objets qui l’entourent, est le seul qui ne change point et ne bondisse point à ses yeux. Tout à coup, au milieu du morne silence qui succède par intervalles au bruissement sourd des élémens confondus, la