Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/273

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

RETOUR.


À neuf heures nous prîmes congé avec une profonde reconnaissance de la locanda del Riposo d’Alarico ; je ne sais si c’était par comparaison que nous en étions devenus si fanatiques, mais il semblait que, malgré les tremblemens de terre, auxquels au reste, comme on l’a vu, nous n’avions pris personnellement aucune part, c’était l’endroit de la terre où nous avions trouvé le plus complet repos. Peut-être aussi, au moment de quitter la Calabre, nous rattachions-nous, malgré tout ce que nous y avions souffert, a ces hommes si curieux à étudier dans leur rudesse primitive, et à cette terre si pittoresque à voir dans ses bouleversemens éternels. Quoi qu’il en soit, ce ne fut pas sans un vif regret que nous nous éloignâmes de cette bonne ville si hospitalière au milieu de son malheur ; et deux fois, après l’avoir perdue de vue, nous revînmes sur nos pas pour lui dire un dernier adieu.

À une lieue de Cosenza à peu près nous quittâmes la grande route pour nous jeter dans un sentier qui traversai la montagne. Le paysage était d’une âpreté terrible, mais en même temps d’un caractère plein de grandeur et de pittoresque. La teinte rougeâtre des roches, leur forme élancée qui leur donnait l’apparence de clochers de granit, les charmantes forêts de châtaigniers que de temps en temps nous rencontrions sur notre route, un soleil pur et riant qui succédait aux orages et aux inondations des jours précédens, tout concourait à nous faire paraître le chemin un des plus heureusement accidentés que nous eussions faits.

Joignez à cela le récit de notre guide, qui nous raconta à cet endroit même une histoire que j’ai déjà publiée sous le titre des Enfans de la Madone et qu’on retrouvera dans les Souvenirs d’Antony ; la vue de deux croix élevées à l’endroit où, l’année précédente, et trois mois auparavant, deux voya-