Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/279

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doute que l’on ne vînt au bruit de l’arme à feu, les bandits se retirèrent sans faire aucun mal à mistress Hunt, que l’on retrouva évanouie sur le corps de son mari.

Il était trois heures a peu près lorsque nous primes congé des ruines de Pestum. Comme pour débarquer, nos marins furent obligés de nous prendre sur leurs épaules pour nous porter à la barque. Nous y étions arrivés, Jadin et moi, à bon port, et il n’y avait plus que le capitaine à transporter, lors que dans le transport le pied manqua à Pietro, qui tomba entraînant avec lui son camarade Giovanni et le capitaine par-dessus tout. Pour leur prouver qu’il avait été jusqu’au fond, le capitaine revint sur l’eau ayant dans chaque main une poignée de gravier qu’il leur jeta à la figure. Au reste, il était si bon garçon qu’il fut le premier à rire de cet accident, et à donner ainsi toute liberté à l’équipage, qui avait grande envie d’en faire autant.

Nous gouvernâmes sur Salerne, où nous devions coucher. J’avais jugé plus prudent de revenir de Salerne à Naples en prenant un calessino, que de rentrer sur notre speronare, qui devait naturellement attirer bien autrement les yeux que la petite voiture populaire à laquelle je comptais confier mon incognito. On n’oubliera pas que je voyageais sous le nom de Guichard, et qu’il était défendu à monsieur Alexandre Dumas, sous les peines les plus sévères, d’entrer dans le royaume de Naples, où il voyageait, au reste, fort tranquillement depuis trois mois.

Or, après avoir vu dans un si grand détail la Sicile et la Calabre, il eût été fort triste de n’arriver à Naples que pour recevoir l’ordre d’en sortir. C’est ce que je voulais éviter par l’humilité de mon entrée, humilité qu’il m’était impossible de conserver à bord de mon speronare, qui avait une petite tournure des plus coquettes et des plus aristocratiques. Je fis donc, comme on dit en termes de marine, mettre le cap sur Salerne, où nous arrivâmes vers les cinq heures. La patente et la visite des passeports nous prirent jusqu’à six heures et demie ; de sorte que, la nuit étant presque tombée, il nous fut impossible de rien visiter le même soir. Comme nous voulions visiter à toute force Amalfi et l’église de la Cava, nous remîmes notre départ au surlendemain, en