Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/29

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ne bougea non plus qu’un Terme, malgré l’injonction reçue. Alors le peuple se mit à le menacer, hurlant l’ordre, inintelligible pour lui, de rendre les honneurs militaires au bienheureux martyr. L’Anglais commença à s’inquiéter de toute cette rumeur et voulut se retirer ; mais il lui fut impossible de franchir la barrière menaçante qui s’était formée tout autour de lui, et qui, avec des cris toujours croissans et des gestes de plus en plus animés, lui montrait, les uns leur fusil, les autres le saint. Bientôt cependant l’Anglais, qui ne comprend pas que c’est à lui que s’adresse toute cette colère, puisqu’il n’a rien fait pour l’exciter, croit que c’est le saint qui en est l’objet : il a lu dans la relation de mistress Clarke que les Italiens ont l’habitude d’injurier et de battre les saints dont ils sont mécontens. Ce souvenir est un trait de lumière pour lui : saint Sébastien aura commis quelque méfait dont on veut le punir ; comme les démonstrations relatives à son fusil continuent, il croit que pour contenter celle foule il n’a qu’à ajouter une balle aux flèches dont le saint est tout couvert ; en conséquence, il ajuste le colosse et lui fait sauter la tête.

La tête du saint n’était pas retombée à terre que l’Anglais avait déjà reçu vingt-cinq coups de couteau.

Maintenant, il ne faut pas croire que les aventures finissent toujours d’une façon aussi tragique en Sicile, et que si les étrangers y courent quelques périls, ces périls n’aient pas leur compensation.

Un de mes amis visitait la Sicile en 1829, avec deux autres compagnons de route, Français comme lui et aventureux comme lui. Arrivés à Catane à la fin de janvier, nos voyageurs apprennent que, le 5 février, il y aura foire brillante et procession solennelle, à propos de la fête de sainte Agathe, patronne de la ville. Aussitôt le triumvirat s’assemble, et décide que l’occasion est trop solennelle pour la manquer, et que l’on restera.

La semaine qui séparait le jour de la détermination prise du jour de la fête s’écoula à essayer de monter sur l Etna, chose impossible à cette époque, et à visiter les curiosités de Catane, qu’on visite en un jour. On comprend donc, qu’ayant du temps de reste, les trois compagnons ne man-