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Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/35

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Horace avait beaucoup entendu parler de revenans, de spectres et de fantômes, et avait toujours désiré en voir. C’était l’heure des évocations, il eut donc l’espoir que son désir était enfin exaucé. En conséquence il étendit les bras vers l’endroit où il avait entendu du bruit, et sa main rencontra une main. Mais cette fois encore l’espérance de se trouver en contact avec un habitant de l’autre monde était déçue. Cette main petite, effilée et tremblante, appartenait à un corps, et non à une ombre.

Heureusement le prisonnier était un de ces optimistes à caractère heureux, qui ne demandent jamais à la Providence plus qu’elle n’est en disposition de leur accorder. Il en résulta que le visiteur nocturne, quel qu’il fût, n’eut pas lieu de se plaindre de la réception qui lui fut faite.

En se réveillant, Horace chercha autour de lui, mais il ne vit plus personne. Toute trace de visite avait disparu. Il lui sembla seulement qu’il s’était entendu dire, comme dans un rêve : — À demain.

Horace sauta en bas de son lit et courut à la fenêtre, qu’il ouvrit ; elle donnait sur une cour fermée de hautes murailles, par-dessus lesquelles il était impossible de voir ; le prisonnier resta donc dans le doute s’il était à la ville ou à la campagne.

A onze heures la salle à manger s’ouvrit, et Horace retrouva son domestique masqué et son déjeuner tout servi. Tout en déjeunant, il voulut interroger le domestique ; mais, en quelque langue que les questions fussent faites, anglais, français ou italien, le fidèle serviteur répondit son éternel Non capisco.

Les fenêtres de la salle à manger donnaient sur la même cour que celles de la chambre a coucher. Les murailles étaient partout de la même hauteur ; il n’y avait donc rien de nouveau à apprendre de ce côté-là.

Pendant le déjeuner, la chambre à coucher s’était trouvée refaite comme par une fée.

La journée se partagea entre la lecture et la musique. Horace joua sur le piano tout ce qu’il savait de mémoire, et déchiffra tout ce qu’il trouva de romances, sonates, partitions, etc. A cinq heures le dîner fut servi.