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Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/37

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la place de la foire, et reconnut la rue qui conduisait à son hôtel : en l’apercevant le garçon fit un grand cri de joie. On l’avait cru assassiné. Ses deux compagnons l’avaient attendu huit jours ; mais voyant qu’il ne reparaissait pas et qu’on n’en entendait pas parler, ils avaient fini par perdre tout espoir : alors ils avaient fait leur déclaration au juge, avaient mis les effets de leur camarade sous la garde du maître d’hôtel, et avaient, pour le cas peu probable où Horace reparaîtrait, laissé une lettre dans laquelle ils lui indiquaient l’itinéraire qu’ils comptaient parcourir.

Horace se mit à leur poursuite, mais il ne les rattrapa qu’à Naples.

Comme il en avait donné sa parole, il ne fit aucune recherche pour savoir à qui appartenaient la main effilée et la main grasse.

Quant aux deux bagues, elles étaient si exactement pareil les qu’on ne pouvait pas les reconnaître l’une de l’autre. Quelques années avant notre voyage, un événement était arrivé qui avait amené un grand scandale : cet événement n’était rien moins qu’une guerre entre deux couvens du même ordre. Cependant l’un était un couvent de capucins, l’autre un couvent du tiers-ordre. La scène s’était passée à Saint-Philippe d’Argiro.

Les deux bâtimens se touchaient : le mur des deux jardins était mitoyen, et, sans doute à cause de cette proximité, les voisins s’exécraient.

Les capucins avaient un très beau chien de garde, nommé Dragon, qu’ils lâchaient la nuit dans leur jardin, de peur qu’on n’en vînt voler les fruits. Je ne sais comment la chose arriva, mais un jour il passa d’un jardin dans l’autre. Quand les moines haïssent, leur haine est bon teint ; ne pouvant se venger sur leurs voisins, ils se vengèrent sur le pauvre Dragon, lequel fut assommé à coups de bâton et rejeté par dessus la muraille.

A la vue du cadavre, grande désolation dans la communauté, qui jura de se venger le soir même.

En effet, toute la journée se passa chez les capucins à faire provision d’armes et de munitions ; on réunit tout ce que l’on put trouver de sabres, de fusils, de poudre et de