Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/62

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craignît en regagnant la terre de recevoir la correction méritée, il refusa constamment de sortir de la mer.

Comme il n’y avait aucun danger qu’il se perdît, vu qu’il n’était pas assez niais pour essayer de gagner Lipari, Scylla ou Messine en nageant, nous le laissâmes s’ébattre en pleine eau, et nous abandonnâmes le rivage pour nous enfoncer dans l’intérieur de l’île ; mais alors ce que nous avions prévu arriva. À peine Milord nous vit-il à cent pas de lui, qu’il regagna la terre et se mit à nous suivre à distance respectueuse, s’arrêtant et s’asseyant aussitôt que nous nous retournions, Jadin ou moi, pour le regarder ; manœuvre qui indiquait à ceux qui étaient au courant de son caractère la plus suprême défiance ; comme la défiance est la mère de la sûreté, nous perdîmes bientôt toute inquiétude à son endroit, et nous continuâmes d’aller en avant.

Nous commencions à gravir le cratère du premier volcan, et à chaque pas que nous faisions nous entendions la terre résonner sous nos pieds comme si nous marchions sur des catacombes : on n’a point idée de la fatigue d’une pareille ascension, à onze heures du matin, sur un sol ardent et sous un soleil de feu. La montée dura trois quarts d’heure à peu près, puis nous nous trouvâmes sur le bord du cratère.

Celui-là était épuisé, et n’offrait rien d’autrement curieux : aussi nous acheminâmes-nous aussitôt vers le second, situé à un millier de pieds au-dessus du premier, et qui est en pleine exploitation.

Pendant la rouie, nous longeâmes une montagne pleine d’excavations ; quelques-unes de ces excavations étaient fermées par une porte, et même par une fenêtre ; d’autres ressemblaient purement et simplement à des tanières de bêtes sauvages. C’était le village des forçats ; quatre cents hommes à peu près habitaient dans cette montagne, et, selon qu’ils étaient plus ou moins industrieux ou plus ou moins sensuels, ils laissaient leur demeure abrupte, ou essayaient de la rendre plus confortable.

Après une seconde ascension, d’une heure à peu près, nous nous trouvâmes sur les bords du second volcan, au fond duquel, au milieu de la fumée qui s’échappait de son centre, nous aperçûmes une fabrique, autour de laquelle s’a-