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Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/63

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gitait une population tout entière. La forme de cette immense excavation était ovale et pouvait avoir mille pas de longueur dans son plus grand diamètre ; on y descendait par une pente facile, de forme circulaire, produite par l’éboulement d’une partie des scories, et assez douce pour être praticable à des civières et à des brouettes.

Nous fûmes près de vingt minutes à atteindre le fond de cette immense chaudière ; à mesure que nous descendions, la chaleur du soleil, combinée avec celle de la terre, augmentait. Arrivés à l’extrémité de la descente, nous fûmes forcés de nous arrêter un instant, l’atmosphère était à peine respirable.

Nous jetâmes alors un coup d’œil en arrière pour voir ce qu’était devenu Milord : il était tranquillement assis sur le bord du cratère, et, craignant sans doute quelque nouvelle surprise dans le genre de celle qu’il venait d’éprouver, il n’avait pas jugé à propos de s’aventurer plus loin.

Au bout de quelques minutes, nous commencions à nous familiariser avec les émanations sulfureuses qui s’exhalent d’une multitude de petites gerçures, au fond de quelques-unes desquelles on aperçoit la flamme ; de temps en temps cependant nous étions forcés de nous percher sur quelque bloc de lave pour aller chercher, à une quinzaine de pieds au-dessus de la terre, un air un peu plus pur. Quand à la population qui circulait autour de nous, elle était parvenue à s’y habituer et ne paraissait pas en souffrir. Messieurs Nunziante eux-mêmes étaient parvenus à s’y accoutumer, tant bien que mal, et ils restaient quelquefois des heures entières au fond de ce cratère sans être incommodés de ce gaz, qui, au premier abord, nous avait paru presque insupportable.

Il serait difficile de voir quelque chose de plus étrange que l’aspect de ces malheureux forçats : selon qu’ils travaillent dans des veines de terre différentes, ils ont fini par prendre la couleur de cette terre ; les uns sont jaunes comme des canaris ; les autres, rouges comme des Hurons ; ceux-ci, enfarinés comme des paillasses, ceux-là bistrés comme des mulâtres. Il est difficile de croire, en voyant toute cette grotesque mascarade, que chacun des hommes qui la composent est là