Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/74

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détonations qui l’ébranlaient eussent l’influence de le distraire de son sommeil.

Nous restâmes ainsi jusqu’à deux heures du matin ; enfin, écrasés de fatigue et de sommeil, nous nous décidâmes à rentrer dans notre cabine. Quant à Milord, rien ne put le déterminer à en faire autant que nous, et il resta toute la nuit sur le pont à rugir et à aboyer contre le volcan.

Le lendemain, au premier mouvement du speronare, nous nous réveillâmes. Avec le retour de la lumière, la montagne avait perdu toute sa fantasmagorie.

On entendait toujours les détonations ; mais la flamme avait cessé d’être visible ; et cette lave, ruisseau ardent la nuit, se confondait pendant le jour avec la cendre rougeâtre sur laquelle elle roulait.

Dix minutes après nous étions de nouveau en face du port. Cette fois on ne nous fit aucune difficulté pour l’entrée. Pietro et Giovanni descendirent avec nous ; ils voulaient nous accompagner dans notre ascension.

Nous entrâmes, non pas dans une auberge (il n’y en a pas à Stromboli), mais dans une maison dont les propriétaires étaient un peu parens de notre capitaine. Comme il n’eut pas été prudent de nous mettre en route a jeun, Giovanni demanda à nos hôtes la permission de nous faire à déjeuner chez eux tandis que Pietro irait chercher des guides, cette permission non-seulement nous fut accordée avec beaucoup de grâce, mais encore notre hôte sortit aussitôt et revint un instant après avec le plus beau raisin et les plus belles figues d’Inde qu’il avait pu trouver.

Comme nous achevions de déjeuner, Pietro arriva avec deux Stromboliotes qui consentaient, moyennant une demi-piastre chacun, de nous servir de guides. Il était déjà près de huit heures du matin : pour sauver au moins notre ascension de la trop grande chaleur, nous nous mîmes à l’instant même en route.

La cime de Stromboli n’est qu’à douze ou quinze cents pieds au-dessus du niveau de la mer ; mais son inclinaison est tellement rapide qu’on ne peut point monter d’une manière directe, et qu’il faut zigzaguer éternellement. D’abord, et en sortant du village, le chemin fut assez facile ; il s’éle-