Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/80

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pation de la Sicile, recrutaient tous les ans dans l’archipel lipariote trois ou quatre cents matelots.


LA SORCIÈRE DE PALMA.

Le même jour, à quatre heures du soir, nous sortîmes du port. Le temps était magnifique, l’air limpide, la mer à peine ridée. Nous nous retrouvions à peu près à la même hauteur de laquelle nous avions découvert en venant, six semaines auparavant, les côtes de la Sicile ; avec cette différence, que nous laissions Stromboli derrière nous, au lieu de l’avoir à notre gauche. De nouveau, nous apercevions à la même distance, mais sous un aspect différent, les montagnes bleues de la Calabre et les côtes capricieusement découpées de la Sicile, qui dominaient le cône de l’Etna, qui depuis notre ascension s’était couvert d’un large manteau de neige. Enfin, nous venions de visiter tout cet archipel fabuleux que Stromboli éclaire comme un phare. Cependant, habitués que nous étions déjà à tous ces magnifiques horizons, à peine jetions-nous sur eux, maintenant, un œil distrait. Quant à nos matelots, la Sicile, comme on le sait, était leur terre natale, et ils passaient indifférens et insoucieux au milieu des plus riches aspects de ces mers que depuis leur enfance ils avaient sillonnées dans tous les sens. Jadin, assis à côté du pilote, faisait un croquis de Strombolino, fragment détaché de Stromboli par le même cataclysme peut-être qui détacha la Sicile de l’Italie, et qui achève de s’éteindre dans la mer ; tandis que, debout et appuyé sur la couverture de la cabine, je consultais une carte géographique, cherchant quelle route je pouvais prendre pour revenir à travers les montagnes de Reggio à Cosenza. Au milieu de mon examen, je levai la