Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/87

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propose la petite contredanse à la femme du capitaine : nous nous mettons en face l’un de l’autre, et allez. Au bout de cinq minutes, on faisait cercle autour de nous. Tout à coup, parmi ceux qui nous regardent, j’aperçois le capitaine Antonio, mais si pâle, si pâle, que je crus, ma parole d’honneur, que c’était son ombre. J’en perds la mesure, et je tombe d’aplomb les deux talons sur les pieds du pilote. Ah ! je lui dis, je vous demande excuse, Nunzio, c’est une crampe qui me prend. Dansez donc un instant à ma place. Il est très complaisant, tel que vous le voyez, le pilote, et si dur au mal, que c’est un bœuf pour la constance. Il se mit à danser sur un pied ; je lui avais écrasé l’autre. Pendant ce temps, je fais un signe au capitaine ; il vient à moi. — Eh bien ! lui dis-je, qu’est-ce qu’il y a donc ?

— Je l’ai revue.

— Qui ?

— Giulia.

— La jolie sorcière ?

— Oui.

— Que vous a-t-elle dit ?

— Rien ; des folies.

— Est-ce qu’elle vous aime toujours ?

— Je ne sais ; mais j’ai eu tort de la suivre. Où est ma femme ?

— Ne la voyez-vous pas ? elle danse la tarentelle avec Nunzio.

— Ah ! oui, c’est vrai.. Crois-tu que ce qu’on raconte d’elle soit vrai ?

— De votre femme ?

— Non, de Giulia. Crois-tu qu’elle soit sorcière ?

— Dame ! on dit qu’à Palma elles sont toutes des stryges. Le capitaine se passa la main sur le front. Il suait à grosses gouttes. Dans ce moment la tarentelle finissait. Sa femme vint reprendre son bras. Antonio lui proposa de revenir à sa maison. Elle ne demandait pas mieux : une nouvelle mariée, vous comprenez, ça ne hait pas le tête-à-tête. Le capitaine me fit un signe qui signifiait : Pas un mot ! Je répondis par un autre signe qui voulait dire : Ça suffit. Et nous