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Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/94

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— Cette pauvre fille est une stryge, vous dis-je ; moi, je l’ai rencontrée dans les champs, la nuit, en temps de pleine lune, cherchant les herbes et les plantes avec lesquelles elle fait les maléfices. Quand il arrive un malheur sur la montagne ou sur la plage, qu’un marinier se noie ou qu’un homme reçoit un coup de couteau, elle va les trouver la nuit ; elle les fait revenir avec des paroles magiques ; elle leur donne des breuvages composés avec des plantes inconnues, et quand les malades sont près de guérir, elle leur fait signer un pacte. — Eh bien ! qu’avez-vous donc, capitaine, vous devenez blanc comme un linge. — Une sueur ! oh ! oh ! c’est de la faiblesse. Voyez-vous, vous vous êtes levé trop tôt. C’est égal, cela ira bien demain, je viendrai vous voir.

— Docteur, dit le capitaine, je voudrais régler mon compte avec vous.

— Bah ! ce n’est pas pressé, répondit le docteur.

— Si fait, si fait.

— Eh bien ! mais vous savez d’où je vous ai tiré : vous me donnerez ce que vous voudrez, ce que vous croyez que ça mérite ; je ne fais jamais de prix, moi.

— Un ducat par visite, est-ce bien, docteur ?

— Va pour un ducat par visite.

— Le capitaine lui donna trois ducats, et le docteur sortit.

Un quart d’heure après nous arrivâmes, à trois mariniers de l’équipage du capitaine. Nunzio, mon pauvre frère et moi, nous avions appris l’accident le jour même, et nous avions sauté dans notre barque. Oh ! une petite barque soignée, allez, qui filait comme une hirondelle, et nous avions fait la traversée della Pace à Palma, il y a neuf grandes lieues, il faut vous dire, en trois heures et demie, pas une minute avec ; c’est bien aller, cela, hein !

— Très bien ; mais il me semble que vous vous écartez de votre récit, mon cher Pietro.

— C’est juste. Ah ! dit le capitaine en nous apercevant, soyez les bienvenus. Pauvre capitaine ! nous lui baisions les mains comme du pain. Voyez-vous, on nous avait dit qu’il était mort, et nous le retrouvions non-seulement vivant,