Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/95

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mais encore levé et avec une bonne mine ; c’est-à-dire que nous ne nous tenions pas de joie.

— Ce n’est pas tout cela, mes enfans, qu’il nous dit ; vous êtes venus avec la barque.

— Oui.

— Eh bien ! il faut la tenir prête pour repartir tous ensemble cette nuit.

— Cette nuit ?

— Chut !

— Capitaine, vous n’y pensez pas, blessé comme vous êtes.

— Il le faut, je vous dis ; pas de raisons, pas de propos, pas d’observations ; quand je vous dis qu’il faut partir, c’est qu’il faut partir.

— Mais si le vent est mauvais ?

— Nous irons à la rame, et ça quand je devrais m’y mettre moi-même,

— Vous, capitaine, allons donc ; c’est bon pour vous amuser, quand vous vous portez bien et qu’il y a bonace ; mais quand vous êtes blessé, ça serait beau.

— Ainsi, c’est convenu.

— Convenu.

— Faites venir du vin, et du meilleur ; c’est moi qui paie. Nous fîmes venir du petit vin de Calabre et des marrons ; voyez-vous, quanti vous y passez, en Calabre, n’oubliez pas cela ; car il n’y a que cela de bon dans le pays, le muscat, et les châtaignes. Quant aux hommes, de véritables brigands, qui ont trahi Joachim, et qui l’ont fusillé après.

— Mais il me semble, repris-je, que vous en voulez beaucoup aux Calabrais.

— Oh ! entre eux et nous c’est une guerre à mort ; je vous en raconterai sur eux, soyez tranquille ; mais pour le moment revenons au capitaine ; il prit plein un dé à coudre de vin ; ça lui fit un bien infini. Il sentait ses forces revenir, que c’était une bénédiction ; enfin, à huit heures, nous le quittâmes pour aller tout préparer. À onze heures nous étions revenus : il s’impatientait beaucoup, le capitaine ; il était levé et prêt à partir.