Page:Dumas - Le Capitaine Pamphile, 1875.djvu/116

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Il resta à peu près une heure dans cette position, ne faisant que le mouvement strictement nécessaire pour se maintenir à fleur d’eau, et voyant s’effacer les unes après les autres toutes les étoiles du ciel.

De quelque philosophie que fût doué le capitaine Pamphile, on comprend que la situation était peu récréative ; il connaissait à merveille le gisement des côtes, et il savait qu’il devait être encore à trois ou quatre lieues de toute terre. Sentant ses forces revenues par le repos momentané qu’il avait pris, il venait de se remettre à nager avec une nouvelle ardeur, lorsqu’il aperçut, à quelques pas devant lui, une surface noire qu’il n’avait pu remarquer plus tôt, tant la nuit était sombre. Le capitaine Pamphile crut que c’était quelque îlot ou quelque rocher oublié par les navigateurs et les géographes, et se dirigea de ce côté. Il l’atteignit bientôt ; mais il eut peine à prendre terre, tant la surface du sol, lavée incessamment par les vagues, était devenue glissante ; il y parvint cependant après quelques efforts, et se trouva sur une petite île bombée, de vingt à vingt-cinq pas de longueur et élevée de dix pieds à peu près au-dessus de la surface de l’eau ; elle était complètement inhabitée.

Le capitaine Pamphile eut bientôt fait le tour de son nouveau domaine ; il était nu et stérile, à l’exception d’une espèce d’arbre de la grosseur d’un manche à balai, long de huit à dix pieds et entièrement dépourvu de branches et de feuilles, et de quelques herbes mouillées encore, qui indiquaient que, dans les grosses mers, la vague devait couvrir entièrement le rocher. Le capitaine Pam-