Page:Dumas - Le Capitaine Pamphile, 1875.djvu/117

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phile attribua cette circonstance à l’oubli incroyable des géographes, et se promit bien, une fois de retour en France, d’adresser à la Société des voyages un mémoire scientifique dans lequel il relèverait l’erreur de ses devanciers.

Il en était là de ses plans et de ses projets, lorsqu’il crut entendre parler à quelque distance de lui. Il regarda de tous côtés ; mais, comme nous l’avons dit, la nuit était si sombre, qu’il ne put rien apercevoir. Il écouta de nouveau, et, cette fois, il distingua parfaitement le son de plusieurs voix ; quoique les paroles lui demeurassent inintelligibles, le capitaine Pamphile eut d’abord l’idée d’appeler à lui ; mais, ne sachant si ceux qui s’approchaient dans l’obscurité étaient amis ou ennemis, il résolut d’attendre l’événement. En tout cas, l’île où il avait abordé n’était pas tellement éloignée de la terre, que, dans le golfe si fréquenté du Saint-Laurent, il eût la crainte de mourir de faim. Il résolut donc de se tenir coi jusqu’au jour, à moins qu’il ne fût découvert lui-même ; en conséquence de cette résolution, il gagna l’extrémité de son île la plus éloignée du point où il avait cru entendre ces paroles humaines que, dans certaines circonstances, l’homme craint plus encore que le rugissement des bêtes féroces.

Le silence s’était rétabli, et le capitaine Pamphile commençait à croire que tout se passerait sans encombre, lorsqu’il sentit le sol se mouvoir sous ses pieds. Sa première idée fut celle d’un tremblement de terre ; mais, dans toute l’étendue de son île, il n’avait point aperçu la moindre montagne ayant l’apparence d’un volcan ; il se