Page:Dumas - Le Capitaine Pamphile, 1875.djvu/121

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Le capitaine Pamphile, qui de son côté avait vu tous les sauvages du monde connu, depuis ceux qui descendent de la Courtille le matin du mercredi des cendres, jusqu’à ceux des îles Sandwich, qui tuèrent traîtreusement le capitaine Cook, le laissa tranquillement approcher sans paraître faire la moindre attention à lui.

Arrivé à trois pas de distance de l’Européen, le Huron s’arrêta et regarda le capitaine Pamphile ; le capitaine Pamphile, décidé à ne pas reculer d’une semelle, regarda alors le Huron avec le même calme et la même tranquillité que celui-ci affectait ; enfin, après dix minutes d’inspection réciproque :

— Le Serpent-Noir est un grand chef, dit le Huron.

— Pamphile, de Marseille, est un grand capitaine, dit le Provençal.

— Et pourquoi mon frère, continua le Huron, a-t-il quitté son vaisseau pour s’embarquer sur la baleine du Serpent-Noir ?

— Parce que, répondit le capitaine Pamphile, son équipage l’a jeté à la mer, et que, fatigué de nager, il s’est reposé sur le premier objet venu sans s’inquiéter de savoir à qui il appartenait.

— C’est bien, dit le Huron ; le Serpent-Noir est un grand chef, et le capitaine Pamphile sera son serviteur.

— Répète un peu ce que tu dis là, interrompit le capitaine d’un air goguenard.

— Je dis, reprit le Huron, que le capitaine Pamphile ramera dans la barque du Serpent-Noir quand il sera sur l’eau, portera sa tente d’écorce de bouleau lorsqu’il voya-