Page:Dumas - Le Capitaine Pamphile, 1875.djvu/137

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meurs, et ils s’avancèrent vers la rive droite du fleuve ; elle était habitée par une tribu d’Indiens Cochenonegas, dont le chef, accroupi et fumant sur la rive, échangea avec le Serpent-Noir quelques paroles dans une langue que le capitaine ne put comprendre. Un quart d’heure après, on rencontra les premiers rapides ; mais, au lieu d’essayer de les franchir à l’aide des crochets placés à cet effet au fond de la barque, le Serpent-Noir ordonna d’aborder, et sauta à terre ; le capitaine Pamphile le suivit. Les bateliers prirent le canot sur leurs épaules, l’équipage se fit caravane, et, au lieu de remonter laborieusement le fleuve, suivit tranquillement sa rive. Au bout de deux heures, et les rapides étant franchis, la barque fut remise à flot et vola de nouveau sur la surface de la rivière.

Elle voguait ainsi depuis trois heures, à peu près, lorsque le capitaine Pamphile fut tiré de ses réflexions par un cri de joie qu’à l’exception du chef poussèrent en même temps ses compagnons de voyage. Cette exclamation était produite par la vue d’un nouveau spectacle presque aussi curieux que celui de la veille ; seulement, cette fois, le miracle, au lieu de se passer en l’air, s’accomplissait sur l’eau. Une bande d’écureuils noirs émigrait à son tour de l’est à l’ouest, comme les pigeons avaient émigré l’avant-veille du sud au nord, et traversait le Saint-Laurent dans toute sa largeur ; sans doute, depuis plusieurs jours, elle était réunie sur la rive et attendait un vent favorable, car le courant ayant en cet endroit près de quatre milles de large, si bons nageurs que soient ces animaux, ils n’auraient pu le franchir sans l’aide que Dieu venait de